La mystérieuse collection de portraits dans les souterrains du musée de Saint-Pétersbourg

Portrait mystérieux dans les souterrains

Portrait énigmatique découvert dans la section Est des souterrains, daté approximativement du XVIIIe siècle

Dans les profondeurs du célèbre Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg se cache l’une des collections les plus énigmatiques de l’histoire de l’art russe. Ces galeries souterraines, longtemps ignorées du grand public, abritent une série fascinante de portraits dont l’origine continue d’intriguer les historiens et les experts du monde entier.

La découverte de cette collection remonte à 1956, lors de travaux de rénovation dans les sous-sols du musée. Les ouvriers ont alors mis au jour une série de salles murées, contenant plus de 200 portraits d’une qualité exceptionnelle. La particularité de ces œuvres réside dans leur style unique, mêlant techniques picturales occidentales et influences byzantines traditionnelles.

Galerie souterraine

Vue de la galerie principale des souterrains, montrant l’architecture caractéristique du XVIIIe siècle

Les portraits, majoritairement réalisés entre 1760 et 1790, représentent une galerie de personnages dont l’identité reste en grande partie mystérieuse. Les visages, d’une expressivité saisissante, semblent appartenir à la noblesse russe de l’époque, mais les registres officiels de la cour impériale ne permettent pas d’identifier avec certitude la plupart des sujets représentés.

Une théorie particulièrement intéressante, avancée par l’historienne Elena Petrova, suggère que cette collection pourrait être l’œuvre d’un cercle secret de peintres travaillant pour Catherine II. Ces artistes auraient eu pour mission de documenter les membres d’une société secrète liée à la cour impériale, dont l’existence même était tenue cachée des archives officielles.

Détail d'un portrait restauré

Détail d’un portrait récemment restauré, montrant les techniques de conservation utilisées

Les analyses techniques réalisées sur les toiles révèlent l’utilisation de pigments rares et coûteux, notamment le lapis-lazuli et le vermillon de Chine, attestant du statut privilégié des commanditaires. La qualité exceptionnelle de la conservation, malgré les conditions difficiles des souterrains, suggère également l’emploi de techniques de préservation avancées pour l’époque.

La disposition des salles elles-mêmes présente un intérêt architectural majeur. Organisées selon un plan géométrique précis, elles forment un labyrinthe dont la configuration pourrait avoir une signification symbolique. Les chercheurs ont notamment relevé des similitudes troublantes avec les plans de certaines loges maçonniques européennes de la même période.

Salle de conservation

Salle de conservation moderne où sont étudiés et restaurés les portraits

Les inscriptions découvertes au dos des toiles constituent un autre aspect fascinant de l’énigme. Rédigées dans un code complexe mêlant caractères cyrilliques et symboles ésotériques, elles n’ont été que partiellement déchiffrées. Les fragments traduits évoquent des rituels, des dates astronomiques et des références à des textes philosophiques de l’époque des Lumières.

Aujourd’hui, seule une partie de la collection est accessible aux chercheurs, et une poignée de portraits sont exposés au public dans une section spéciale du musée. Le reste demeure dans les souterrains, soumis à des conditions strictes de conservation et d’étude. Chaque année, de nouvelles découvertes viennent enrichir notre compréhension de cet ensemble unique, tout en soulevant de nouvelles questions sur son origine et sa signification.

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