La peinture murale des temples bouddhistes du Sri Lanka: un voyage spirituel et artistique au coeur du 18ème siècle
Les temples bouddhistes du Sri Lanka représentent des joyaux inestimables de l’art religieux asiatique, particulièrement en ce qui concerne leurs peintures murales du XVIIIe siècle. Cette période, considérée comme l’âge d’or de l’art mural cinghalais, nous offre un aperçu fascinant de la spiritualité et de la culture de l’époque Kandyan.
L’héritage artistique de la période Kandyan
Le XVIIIe siècle marque l’apogée de l’art mural sri-lankais sous le royaume de Kandy. Les artistes de cette époque ont développé un style unique, caractérisé par des couleurs vives, des motifs complexes et une narration élaborée. Les pigments naturels, extraits de minéraux et de plantes locales, ont été utilisés pour créer des teintes durables qui ont survécu pendant des siècles.
Les temples les plus remarquables de cette période incluent Degaldoruwa, Mulkirigala et Dambulla, où les murs et les plafonds sont recouverts de fresques spectaculaires illustrant la vie du Bouddha, les Jataka (histoires des vies antérieures du Bouddha) et diverses scènes de la cosmologie bouddhiste.
Techniques et matériaux traditionnels
Les artistes de l’époque utilisaient une technique complexe de préparation des murs, impliquant plusieurs couches de matériaux naturels. Le processus débutait par l’application d’un mélange d’argile, de paille de riz hachée et de jus de cactus. Cette base était ensuite recouverte d’une fine couche de chaux blanche, créant ainsi une surface idéale pour la peinture.
Les pigments étaient préparés à partir de sources naturelles variées :
– Rouge : oxyde de fer et cinabre
– Jaune : arsenic jaune (orpiment)
– Vert : malachite broyée
– Bleu : lapis-lazuli
– Noir : suie de lampe à huile
– Blanc : coquilles calcaires pulvérisées
Symbolisme et narration visuelle
Les peintures murales du XVIIIe siècle ne sont pas de simples décorations ; elles constituent un système complexe de communication visuelle destiné à enseigner les principes du bouddhisme. Chaque élément des fresques possède une signification symbolique précise. Les couleurs, les postures, les gestes et même les motifs floraux participent à la transmission du message spirituel.
Les artistes suivaient des conventions strictes dans la représentation des figures sacrées. Le Bouddha, par exemple, était toujours dépeint avec certains attributs spécifiques comme l’ushnisha (protubérance crânienne symbolisant la sagesse) et les lobes d’oreilles allongés, signes de sa nature divine.
Conservation et restauration
La préservation de ces chefs-d’œuvre représente un défi majeur pour les conservateurs modernes. L’humidité, les variations de température et la pollution menacent constamment ces fresques historiques. Des efforts considérables sont déployés pour maintenir ces trésors culturels dans leur état d’origine, utilisant des techniques de restauration respectueuses des méthodes traditionnelles.
Influence sur l’art contemporain
L’héritage artistique des peintures murales du XVIIIe siècle continue d’influencer l’art contemporain sri-lankais. De nombreux artistes modernes s’inspirent des techniques et des motifs traditionnels, créant ainsi un pont entre le passé et le présent. Cette continuité artistique témoigne de la vitalité de cette tradition picturale unique.
Sources :
- Bandaranayake, S. (1986). The Rock and Wall Paintings of Sri Lanka. Lake House Bookshop. Lien
- Chutiwongs, N. (1990). The Buddhist Murals of Sri Lanka. UNESCO. Lien
- Department of Archaeology, Sri Lanka (2018). Conservation of Temple Paintings. Lien
- Silva, R. (1988). Religious Architecture in Early and Medieval Sri Lanka. Druk: Amsterdam. Lien