La technique du sfumato dans les fresques de la cathédrale de Sienne au XVème siècle

Détail d'une fresque illustrant la technique du sfumato dans la cathédrale de Sienne
Vue rapprochée d’une fresque présentant les effets caractéristiques du sfumato sur les visages des personnages

La cathédrale de Sienne, joyau de l’architecture gothique italienne, abrite en son sein un remarquable ensemble de fresques réalisées au XVème siècle qui témoignent de l’évolution des techniques picturales de la Renaissance. Parmi ces innovations artistiques, la technique du sfumato occupe une place prépondérante, particulièrement dans les œuvres réalisées entre 1450 et 1500 par des maîtres tels que Vecchietta et Pinturicchio.

Les origines du sfumato siennois

Le sfumato, terme dérivé de l’italien “sfumare” (disparaître comme la fumée), est une technique picturale qui permet de créer des transitions subtiles entre les couleurs et les tons, produisant un effet de brume légère qui adoucit les contours. Bien que souvent associé à Léonard de Vinci, son développement à Sienne présente des caractéristiques uniques qui méritent une attention particulière.

Vue d'ensemble d'une fresque de la cathédrale
Fresque de la voûte illustrant l’utilisation du sfumato dans les drapés et l’architecture

Spécificités techniques du sfumato siennois

Les artistes siennois ont développé leur propre approche du sfumato, se distinguant par plusieurs aspects techniques :

  • L’utilisation de pigments locaux spécifiques, notamment l’ocre de Sienne
  • Une application par couches successives très fines (velature)
  • Un travail particulier sur les ombres portées
  • Une intégration unique avec la technique de la fresque

La particularité du sfumato siennois réside dans son adaptation à la technique de la fresque, qui nécessite une rapidité d’exécution sur enduit frais (buon fresco). Les artistes devaient donc maîtriser parfaitement le temps de séchage et l’absorption des pigments pour obtenir les effets désirés.

Détail d'un visage montrant la technique du sfumato
Détail d’un visage de saint montrant la maîtrise du sfumato dans le traitement des carnations

Applications spécifiques dans la cathédrale

Dans la cathédrale de Sienne, le sfumato est particulièrement visible dans :

  • Les visages des personnages, où les transitions entre lumière et ombre sont remarquablement douces
  • Les drapés, qui présentent des plis aux ombres subtilement graduées
  • Les éléments architecturaux peints, créant une illusion de profondeur
  • Les paysages en arrière-plan, suggérant une perspective atmosphérique

La chapelle San Giovanni, notamment, présente des exemples remarquables de cette technique, où les artistes ont su créer une atmosphère éthérée particulièrement adaptée aux sujets religieux.

Innovation et restauration

Vue d'une fresque restaurée
Fresque récemment restaurée montrant la vivacité retrouvée des effets du sfumato

Les récentes restaurations ont permis de redécouvrir l’étendue de la maîtrise technique des artistes siennois. Les analyses scientifiques ont révélé l’utilisation de :
– Superpositions de plus de 30 couches de pigments dans certaines zones
– Variations subtiles dans la composition des liants
– Techniques de brunissage spécifiques pour certains effets de lumière

Impact sur l’art de la Renaissance

L’influence du sfumato siennois s’est étendue bien au-delà des murs de la cathédrale, inspirant de nombreux artistes à travers l’Italie. Cette technique a contribué à l’évolution de la peinture religieuse en permettant de créer des atmosphères plus mystiques et contemplatives.

Sources

  • Borsook, E. (1980). “The Mural Painters of Tuscany: From Cimabue to Andrea del Sarto”. Oxford: Clarendon Press.
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  • Christiansen, K. (1988). “Painting in Renaissance Siena”. Metropolitan Museum of Art.
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  • Norman, D. (1999). “Siena and the Virgin: Art and Politics in a Late Medieval City State”. Yale University Press.
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  • Torriti, P. (1990). “La Cattedrale di Siena”. Scala.
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