Le groupe CoBrA et sa vision onirique de l’art primitif dans l’Europe d’après-guerre

Origines et contexte historique

Le mouvement CoBrA, fondé en 1948 à Paris, est né dans un contexte d’après-guerre marqué par des bouleversements sociaux et culturels. Ce collectif d’artistes, dont les membres principaux incluent Christian Dotremont, Asger Jorn, Karel Appel et Corneille, a cherché à s’affranchir des conventions artistiques de l’époque. Le nom CoBrA est un acronyme formé à partir des capitales des pays d’origine de ses membres : Copenhague, Bruxelles et Amsterdam. Ce mouvement se distingue par sa volonté de créer un art qui soit à la fois accessible et profondément ancré dans l’expérience humaine.

Une esthétique onirique et primitive

CoBrA se caractérise par une approche artistique qui valorise l’intuition et l’instinct, plutôt que les débats théoriques sur l’abstraction et la figuration. Les artistes du mouvement s’inspirent de l’art primitif, des dessins d’enfants et de l’art populaire, cherchant à retrouver une spontanéité et une vitalité créatrice. Cette esthétique se manifeste par des œuvres aux couleurs éclatantes, aux formes organiques et à une gestualité libre, reflétant un dynamisme qui rejette les esthétiques rigides de l’époque.

Les membres de CoBrA ont également été influencés par des cultures non occidentales, intégrant des éléments de l’art africain et océanien dans leurs créations. Cette recherche d’authenticité et de connexion avec des formes d’art plus anciennes témoigne d’une volonté de rétablir un lien avec l’humanité et la nature, souvent perdu dans l’art moderne.

Le manifeste et les idéaux du mouvement

Le manifeste “La Cause était entendue”, signé le 8 novembre 1948, exprime le rejet des conventions artistiques dominantes et le désir de promouvoir un art collectif et authentique. Les artistes de CoBrA prônent une pratique artistique qui soit accessible à tous, s’opposant à l’individualisme et à la culture bourgeoise. Ils considèrent l’art comme un acte moral avant d’être esthétique, cherchant à créer un espace de liberté où l’expérimentation et la collaboration sont au cœur de leur démarche.

Impact et héritage

Bien que le mouvement CoBrA ait été de courte durée, se dissolvant en 1951, son impact sur l’art moderne est indéniable. Les expositions majeures, comme celle du Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1949, ont permis de diffuser leurs idées et créations. CoBrA a influencé de nombreux artistes contemporains, et ses idéaux continuent d’inspirer ceux qui cherchent à explorer la créativité libre et expérimentale.

Des institutions comme le Musée CoBrA d’Art Moderne à Amstelveen, aux Pays-Bas, préservent cet héritage, témoignant de l’importance de CoBrA dans l’histoire de l’art moderne. Le mouvement reste une référence pour ceux qui cherchent à réinventer leur manière de créer, incarnant une réponse artistique au traumatisme de la guerre et à la quête d’une expression authentique.

Vidéos sur le mouvement CoBrA

Conclusion

Le groupe CoBrA a su capturer l’essence d’une époque en quête de renouveau artistique, en intégrant des éléments d’art primitif et en favorisant une approche collective et expérimentale. Leur vision onirique de l’art continue d’inspirer des générations d’artistes, témoignant de la puissance de la créativité libre.

Sources