Le temps figé des poupées étranges d’Aloïse Corbaz

Introduction à Aloïse Corbaz

Aloïse Blanche Corbaz (1886-1964) est une figure emblématique de l’art brut, reconnue pour ses contributions uniques à l’art psychiatrique. Née à Lausanne, en Suisse, elle a passé la majeure partie de sa vie dans des institutions psychiatriques, où elle a produit une œuvre prolifique de plus de 2 000 dessins. Son art est marqué par des thèmes érotiques, des femmes voluptueuses et des amants militaires, le tout rendu dans des couleurs vives à l’aide de crayons, de pastels et même de jus de fleurs.

Une œuvre d’Aloïse Corbaz, illustrant son style vibrant et émotionnel.

La vie d’Aloïse Corbaz

Aloïse a eu une enfance tumultueuse, marquée par la perte de sa mère à un jeune âge et par des luttes familiales liées à l’alcoolisme. En 1911, elle déménage en Allemagne, où elle travaille comme enseignante et gouvernante. Sa vie prend un tournant dramatique lorsqu’elle développe une passion obsessionnelle pour l’empereur allemand, coïncidant avec l’apparition de sa schizophrénie. En 1918, elle est internée à l’asile de Cery-sur-Lausanne, puis transférée à l’asile de la Rosière à Gimel, où elle restera jusqu’à sa mort.

L’art d’Aloïse Corbaz

Corbaz commence à créer de l’art en secret vers 1920, mais c’est en 1936 que son talent est reconnu par le personnel de l’hôpital. Jean Dubuffet, un fervent défenseur de l’art brut, découvre son travail en 1947 et l’inclut dans sa collection. Son art est caractérisé par une compulsion à remplir chaque centimètre de papier, un phénomène connu sous le nom de « horror vacui », et par une exploration des thèmes de l’amour, du désir et de la fantasy.

Les poupées étranges, symboles de l’imaginaire d’Aloïse Corbaz.

Les poupées étranges

Le concept de « poupées étranges » dans l’œuvre d’Aloïse Corbaz représente une métaphore de ses luttes internes et de ses désirs inassouvis. Ces poupées, souvent représentées dans des poses suggestives et des costumes élaborés, incarnent ses fantasmes et ses aspirations. Elles sont à la fois des figures de désir et des représentations de son monde intérieur, un monde où la réalité et l’imaginaire se confondent.

Reconnaissance et héritage

Aloïse Corbaz a été célébrée dans plusieurs expositions, dont une exposition solo significative en 2012 intitulée « Aloïse. Le Ricochet Solaire » au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. En 2024, elle sera présentée pour la première fois à la Biennale Arte de Venise, marquant un moment important dans la reconnaissance de son œuvre.

Une vue de l’exposition d’Aloïse Corbaz à la Biennale Arte 2024.

Conclusion

Aloïse Corbaz reste une figure majeure de l’art brut, dont l’œuvre continue d’inspirer et de fasciner. Son exploration des thèmes de la passion, de la folie et de l’identité à travers ses poupées étranges offre un aperçu unique de son monde intérieur. En tant que pionnière de l’art outsider, elle a ouvert la voie à une meilleure compréhension de la représentation des femmes dans l’art et de l’impact de la maladie mentale sur la créativité.

Portrait d’Aloïse Corbaz, une artiste visionnaire.