L’art de la calligraphie coréenne sous la dynastie Joseon : entre tradition et innovation
Introduction à la calligraphie coréenne
La calligraphie coréenne, connue sous le nom de seoye (서예), est une tradition artistique qui a évolué au fil des siècles, intégrant à la fois les caractères chinois (hanja) et l’alphabet coréen (hangeul). Introduite en Corée dès le IIe ou IIIe siècle, la calligraphie a été influencée par la calligraphie chinoise, avec des figures marquantes comme Kim Saeng au VIIIe siècle et Choe Chiwon au IXe siècle, qui ont contribué à son développement.
Les styles de calligraphie sous la dynastie Joseon
Au cours des siècles, différents styles de calligraphie ont émergé, notamment ceux des maîtres Tang, qui ont influencé la pratique coréenne jusqu’au XIVe siècle. Le style plus arrondi de Zhao Mengfu a ensuite gagné en popularité, notamment sous la dynastie Joseon, où Anpyeong, un des fils du roi Sejong, a été un maître reconnu. Au XVe siècle, d’autres calligraphes comme Yang sa-eon et Han Ho ont développé des styles distincts, le premier se concentrant sur le style cursif et le second sur un style carré.
La calligraphie a connu une révolution au début du XIXe siècle grâce à Kim Jeong-hui, qui a introduit le style chusa, inspiré de l’ancien script lishu chinois. Pendant l’occupation japonaise (1910-1945), le hangeul a gagné en popularité en tant qu’expression nationale, bien que la calligraphie hanja soit toujours pratiquée.
Importance culturelle de la calligraphie
Sous la dynastie Joseon, la calligraphie est devenue un élément essentiel de l’éducation des yangban (nobles), reflétant l’importance culturelle et sociale de cet art. La calligraphie coréenne, à travers ses styles variés et son histoire riche, demeure un symbole de l’identité et de la culture coréenne.
Han Ho : Un maître de la calligraphie
Han Ho, également connu sous le nom de plume Han Seok-bong, est né en 1543 à Songdo, en Corée du Nord, dans une famille pauvre. Orphelin de père à trois ans et de grand-père à dix ans, il fut élevé par sa mère, qui vendait des gâteaux de riz pour subvenir à leurs besoins. Ne pouvant pas se permettre du papier et de l’encre, Han Ho s’exerçait à tracer des idéogrammes avec de l’eau sur des surfaces naturelles. Son talent fut rapidement reconnu, et sa mère l’envoya étudier auprès du calligraphe renommé Shin Hee-nam pendant dix ans.
À 24 ans, Han Ho réussit le concours d’État et devint scribe royal, responsable des documents diplomatiques et des lettres royales. Il se distingua par son style calligraphique, influencé par Zhao Mengfu et Wang Xizhi, et développa un style unique caractérisé par des traits puissants. Han Ho participa à plusieurs délégations diplomatiques en Chine, où ses œuvres furent louées par des érudits de la dynastie Ming.
Le roi Seonjo de Joseon appréciait particulièrement son talent et lui commanda d’écrire des lettres pour le « Classique des Mille Caractères », un ouvrage éducatif diffusé dans tout le pays en 1601, qui contribua à sa renommée. Malgré sa carrière prestigieuse, Han Ho laissa peu de biens matériels à sa mort en 1605, et sa famille n’avait pas les moyens de lui ériger une stèle. Ce n’est qu’en 2010 que sa tombe fut redécouverte. Cependant, son héritage perdure à travers ses œuvres calligraphiques, qui témoignent de son génie artistique.
La relation entre texte et image
L’événement intitulé “Texte et image dans la peinture de caractères de la dynastie Joseon” a exploré l’interaction entre le texte et l’image dans les arts traditionnels de l’Extrême-Orient, en mettant l’accent sur la période de la dynastie Joseon (XVIIIe – XIXe siècles). Dans ces arts, la poésie, la peinture et la calligraphie sont profondément interconnectées. Le texte, souvent calligraphié avec le même pinceau que celui utilisé pour la peinture, est conçu pour être à la fois visuel et verbal.
Cette approche permet au texte de s’intégrer harmonieusement dans l’œuvre picturale, devenant ainsi un élément essentiel de la composition. L’art populaire Moonjado (文字畫), qui a émergé en Corée durant cette période, illustre parfaitement cette relation. Dans la peinture de caractères, la superposition des sens est réalisée par la combinaison d’éléments picturaux et textuels, visant à exprimer des valeurs morales abstraites, souvent d’inspiration confucianiste.
Vidéos sur la calligraphie coréenne
Conclusion
La calligraphie coréenne sous la dynastie Joseon représente un équilibre fascinant entre tradition et innovation. Elle a non seulement servi de moyen d’expression artistique, mais a également joué un rôle crucial dans la culture et l’éducation de l’époque. Les œuvres de maîtres comme Han Ho continuent d’inspirer et de fasciner, témoignant de la richesse de cet art.
Sources :
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