L’influence de la peinture coréenne Minhwa sur l’art populaire contemporain de Séoul

La peinture Minhwa (민화), ou peinture populaire coréenne, est un style artistique qui a émergé durant la période Joseon (1392-1910). Elle se distingue par son esthétique simple et naturelle, reflétant la vie quotidienne des Coréens. Contrairement aux œuvres des lettrés et de la cour, les artistes de Minhwa étaient souvent anonymes, créant des œuvres sans signature, inspirées par l’atmosphère du moment. Les peintures utilisent les cinq couleurs élémentaires coréennes (rouge, bleu, blanc, jaune, noir) et se caractérisent par des motifs symboliques, souvent liés à des croyances chamaniques, visant à apporter prospérité et éloigner les mauvais esprits.

Thèmes et Symbolisme du Minhwa

Les thèmes principaux incluent le Shipchangsaengdo, représentant les dix symboles de longévité, et le Hwajodo, qui met en avant des fleurs et des oiseaux, symboles de santé et d’harmonie. Le Minhwa a également une dimension humoristique, avec des représentations caricaturales d’animaux, comme le tigre, qui devient une figure plus accessible et moins menaçante. Chaque motif a une signification symbolique, et les œuvres sont souvent considérées comme des talismans apportant bonheur et prospérité.

Renaissance et Influence Contemporaine

Malgré son succès initial, le Minhwa a failli disparaître à cause de l’impérialisme japonais, de la guerre de Corée et de l’urbanisation des années 1970. Cependant, des efforts de préservation ont été entrepris, notamment par le critique d’art japonais Muneyoshi Yanagi, qui a sauvé des œuvres et a fondé le Musée d’Art populaire coréen à Séoul en 1921. Son travail a contribué à redéfinir le Minhwa comme une forme d’art populaire coréenne.

Depuis les années 1960, un regain d’intérêt pour le Minhwa s’est manifesté, avec des artistes contemporains comme Kim Man Hee et Kim Ho Yon qui ont redonné vie à ce style. Le Musée de la peinture folklorique de Joseon, inauguré en 2000, et diverses expositions internationales ont permis de faire connaître le Minhwa au-delà des frontières coréennes. Aujourd’hui, le Minhwa est intégré dans l’artisanat traditionnel et est visible dans des lieux publics, sur des objets modernes comme des étuis de téléphone, et lors d’expositions à l’étranger.

Expositions et Artistes Contemporains

L’exposition « Chaekgeori… de la beauté des livres », présentée au Centre Culturel Coréen de Paris, met en lumière cette tradition à travers le chaekgeori, une forme de nature morte qui représente des livres et des objets d’écriture. Cette exposition illustre l’évolution du style et les différences sociales, les lettrés riches affichant leurs bibliothèques, tandis que les classes populaires optaient pour des motifs floraux et animaliers, souvent chargés de symbolisme.

Des artistes contemporains réinterprètent le Minhwa, intégrant des éléments modernes comme des circuits imprimés, ce qui témoigne de la vitalité et de l’actualité du Minhwa. Le professeur Chung Byung-Mo, directeur de l’école du Minhwa, a rassemblé 47 artistes pour cette exposition, soulignant la continuité et l’innovation dans ce genre pictural.

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Conclusion

Le Minhwa, en tant que forme d’art populaire, continue d’influencer et d’inspirer les artistes contemporains en Corée du Sud. Sa capacité à évoluer tout en préservant ses racines culturelles témoigne de son importance dans le paysage artistique moderne. En intégrant des éléments traditionnels dans des contextes contemporains, le Minhwa ne se contente pas de survivre, mais prospère, enrichissant ainsi l’art populaire de Séoul.