Le surréalisme des années folles à Prague : quand Toyen et Styrsky réinventaient les codes de l’imaginaire

Introduction au surréalisme à Prague

Le surréalisme a trouvé un terreau fertile à Prague dans les années folles, une période marquée par une effervescence artistique et intellectuelle. Le groupe des surréalistes de Tchécoslovaquie, fondé en 1934 par des figures emblématiques telles que Toyen (Marie Čermínová) et Jindřich Štyrský, a joué un rôle crucial dans l’émergence de ce mouvement. Influencés par le second Manifeste du surréalisme d’André Breton, ces artistes ont cherché à explorer l’inconscient, les rêves et l’irrationnel, tout en défiant les conventions artistiques de leur époque.

Image représentant l’esprit surréaliste de Prague dans les années 30.

Toyen : Une pionnière du surréalisme

Toyen, née en 1902 à Prague, est une figure centrale du surréalisme tchèque. Son œuvre, riche et variée, aborde des thèmes tels que le désir, la guerre et la fusion entre l’humain et la nature. Toyen a su s’affranchir des courants artistiques dominants de son époque, tels que le fauvisme et le cubisme, pour développer un style unique, mêlant éléments oniriques et réalités troublantes.

L’impact de Toyen sur le surréalisme

Toyen a co-fondé le mouvement “artificialisme” avec Jindřich Štyrský, qui préfigurait l’abstraction lyrique des années 1950. Son intérêt pour l’érotisme et son exploration de nouveaux espaces sensibles l’ont rapprochée du surréalisme. Elle a été l’une des fondatrices du mouvement surréaliste tchèque, établissant des liens avec des figures comme Paul Éluard et André Breton.

Toyen, une figure emblématique du surréalisme.

Jindřich Štyrský : Le partenaire créatif

Jindřich Štyrský, également co-fondateur du surréalisme tchèque, a joué un rôle complémentaire à celui de Toyen. Ensemble, ils ont exploré des thèmes similaires, mais avec des approches distinctes. Štyrský était connu pour ses collages et ses œuvres qui mêlaient le fantastique et le quotidien, créant ainsi un dialogue visuel riche et complexe.

L’art de Štyrský

Les œuvres de Štyrský, tout comme celles de Toyen, reflètent une profonde sensibilité aux événements politiques de leur temps. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a produit des œuvres qui critiquaient le totalitarisme et la guerre, tout en continuant à explorer les thèmes de l’amour et de la mort.

Jindřich Štyrský, un artiste surréaliste influent.

L’héritage du surréalisme tchèque

Le surréalisme tchèque a continué à évoluer après la Seconde Guerre mondiale, malgré les restrictions imposées par le régime communiste. Le groupe surréaliste tchèque a su maintenir la continuité du mouvement, contribuant de manière significative à l’art surréaliste d’après-guerre. Des artistes comme Jan Švankmajer ont émergé, intégrant des éléments de surréalisme dans le cinéma et les arts visuels.

La redécouverte de Toyen

Récemment, l’œuvre de Toyen a été redécouverte et célébrée à l’international, notamment à travers des expositions comme celle du Musée d’Art Moderne de Paris, qui a présenté 150 œuvres de l’artiste. Cette rétrospective a permis de mettre en lumière son talent encore méconnu et son impact sur le surréalisme.

Exposition de Toyen au Musée d’Art Moderne de Paris.

Conclusion

Le surréalisme des années folles à Prague, incarné par Toyen et Jindřich Štyrský, a redéfini les codes de l’imaginaire. Leur exploration de l’inconscient et des thèmes tabous a ouvert la voie à de nouvelles formes d’expression artistique. Aujourd’hui, leur héritage continue d’inspirer de nouvelles générations d’artistes, témoignant de la puissance intemporelle du surréalisme.