La fascination de l’encre : les paysages montagneux dans la peinture coréenne du 18e siècle
Introduction à la peinture coréenne du 18e siècle
La peinture coréenne, riche et variée, se distingue par ses deux grandes catégories : la peinture de lettrés, influencée par la tradition chinoise, et la peinture de professionnels, plus colorée et souvent utilisée à des fins décoratives ou rituelles. Au cours de la dynastie Joseon (1392-1910), la peinture de paysage, ou sansuhwa, a connu une évolution significative, particulièrement au 18e siècle, considéré comme l’âge d’or de la peinture coréenne.
Durant cette période, les artistes coréens, tels que Jeong Seon, ont commencé à développer un style distinctif, intégrant des éléments de la nature coréenne dans leurs œuvres. Jeong Seon, en particulier, est reconnu pour ses paysages qui évoquent les beautés naturelles de la Corée, tout en adoptant des techniques de peinture influencées par l’école Wu de la dynastie Ming. Ses œuvres se caractérisent par une approche plus personnelle et moderne, se détachant des conventions strictes de la peinture de lettrés.
Les caractéristiques de la peinture de paysage
La peinture de paysage au 18e siècle se distingue par l’utilisation de couleurs vives et une attention accrue aux détails, reflétant un intérêt pour la nature et la vie quotidienne. Les artistes ont commencé à explorer des thèmes plus variés, représentant non seulement des paysages idéalisés, mais aussi des scènes de la vie rurale et des activités populaires. Kim Hong-do, un autre peintre majeur de cette époque, a capturé des moments de la vie quotidienne avec un réalisme saisissant, tout en intégrant des éléments de paysage dans ses compositions.
Cette période a également vu l’émergence de la peinture de paravent, qui a permis aux artistes de combiner des motifs de paysage avec des éléments décoratifs, créant ainsi des œuvres à la fois fonctionnelles et esthétiques. Les paravents, souvent ornés de scènes de la nature, de fleurs et d’animaux, témoignent de l’harmonie entre l’art et la vie quotidienne.
La minhwa et son influence
La minhwa (민화), ou peinture folklorique coréenne, est un art traditionnel qui a prospéré principalement durant la période de Joseon, en particulier au 18e siècle. Ce terme, signifiant littéralement « peinture du peuple », reflète son caractère populaire et accessible, en opposition aux styles plus élitistes de la peinture de cour et de lettrés confucéens.
Au 18e siècle, la minhwa a atteint son apogée, avec des artistes renommés comme Kim Hong-do, Sin Yun-bok et Jeong Seon, qui ont créé des œuvres emblématiques représentant la vie quotidienne, des paysages et des portraits. Les genres de la minhwa sont variés, incluant des thèmes symboliques tels que les « dix symboles de la longévité » (sipjangsaengdo), qui mettent en avant des éléments comme la grue, le cerf et la tortue, chacun portant des significations profondes liées à la longévité et à la prospérité.
Les paysages idéalisés
L’exposition “Landscapes: Seeking the Ideal Land” au Musée national de Corée met en lumière les paysages idéalisés dans la peinture est-asiatique, en particulier ceux du XVIIIe siècle. Ces œuvres, qui évoquent des mondes utopiques de paix et de prospérité, reflètent les aspirations des érudits de la dynastie Joseon pour une société vertueuse.
Parmi les pièces maîtresses de l’exposition, on trouve “Montagnes et rivières sans fin” de Yi Inmun, une toile de 8,50 mètres qui illustre un lieu utopique où le peuple remplit ses devoirs sous la direction d’un monarque vertueux. Une autre œuvre significative est “Être dans la nature vaut mieux qu’un rang à la cour” de Kim Hongdo, qui montre la beauté de la nature comme un refuge contre les ambitions matérielles.
L’importance des montagnes dans la culture coréenne
Les montagnes occupent une place prépondérante dans la peinture coréenne, symbolisant la force et la stabilité. Les artistes cherchent à transmettre une sensation de paix et de sérénité, invitant le spectateur à contempler la beauté du monde naturel. La nature n’est pas seulement un sujet, mais aussi une source d’inspiration spirituelle et philosophique pour les peintres.
Les paysages peints sont non seulement des représentations visuelles, mais aussi des réflexions sur la relation entre l’homme et son environnement. Les artistes utilisent des techniques variées, notamment l’encre et l’aquarelle, pour capturer la majesté des montagnes, des rivières et des forêts.
Vidéos sur la peinture coréenne
Conclusion
En résumé, la peinture de paysage coréenne au 18e siècle a évolué vers un style plus libre et expressif, intégrant des influences chinoises tout en affirmant une identité artistique propre. Les artistes de cette époque ont su capturer la beauté de la nature coréenne et la vie de ses habitants, marquant ainsi un tournant dans l’histoire de l’art coréen.
Sources
Related Posts
02/02/2025
L’art des miniatures mogholes: quand les pigments racontent l’histoire de l’Inde médiévale
L'art des miniatures mogholes : quand les pigments racontent l'histoire de…
02/02/2025
L’influence des textiles de la Route de la Soie sur les motifs de la peinture coréenne du 17e siècle
L'influence des textiles de la Route de la Soie sur les motifs de la peinture…
02/02/2025
Les peintures murales bouddhiques de Dunhuang: un trésor de la Route de la Soie
Les peintures murales bouddhiques de Dunhuang : un trésor de la Route de la…