Manu

Nous avions l’habitude avec un ami d’aller rendre visite à Manu, un homme seul, dévoré de l’intérieur par un alcoolisme passé aigü.
Il nous racontait tantôt ses souvenirs de maton dans une aile de haute sécurité d’une prison liégeoise, tantôt ceux de douanier.
Des histoires rocambolesques qu’il avait l’art de rendre comiques tellement cela nous paraissait surréaliste et hors du commun.
Il avait un fameux caractère le Manu, il souffrait évidemment énormément et se déplaçait de plus en plus difficilement, allant promener son vieux basset dans le pâté de maisons de notre quartier, mais il ne laissait pas faire et savait bien ce qu’il voulait.
C’était une aventure à chaque fois qu’il devait s’y atteler, pensant d’abord au plaisir de son dernier compagnon de route.
Sur la fin, il n’y arrivait même plus.
La solitude, “mon gagne pain” comme me l’a dit un jour un médecin spécialiste.
Après moulte et moulte aller-retour à l’hôpital pour tenter de s’y faire hospitaliser tellement le mal avait pris le dessus, il a fini par nous quitter à l’âge de 64 ans le jour du réveillon de Noël 2024.
Repose en paix l’ami et sache que tu n’étais pas seul et que chacun de ces moments passés furtivement à tes côtés n’étaient pas de la pitié mais un réel échange et un plaisir partagé.
Décembre 2024